Docu 2.0

Nous avons épinglé deux extraits de propos tenus par Ghislaine Chartron (INRP et Ursidoc/Lyon) et Évelyne Broudoux (UVSQ-IUT de Vélizy) lors de la dernière « Semaine du document numérique » qui s’est déroulée à Fribourg (Suisse), sous l’égide de l’ADBS et du CNRS. Ces extraits nous semblent intéressants car emblèmatiques de ce qu’est profondément la philosophie et les possibilités (y compris techniques) du web 2.0. Et pourtant nul part dans les propos de ces 2 spécialistes n’est évoqué le 2.0.

« Les usagers sont entrés sur le web dans les domaines de la production involontaire et volontaire de traces symboliques. Les plus prolixes d’entre eux ont ouvert des espaces de création et d’expression, ils sont devenus blogueurs, alimentent des wikis et rejoignent par leurs pratiques des corps professionnels constitués comme les rédacteurs, photographes, vidéastes, correspondants et attachés de presse, éditeurs, musiciens, auteurs, etc. Mais si elles ont pu sembler un instant entrer en concurrence, ces pratiques d’amateurs s’enchevêtrent en réalité avec celles des professionnels et forment un tissu de médiations, entre fabrication et propagation des informations, où chacun tient son rôle et où les rôles eux-mêmes sont susceptibles d’évoluer. »

et

« Auto-indexation, indexation sociale, folksonomie sont des appellations destinées à caractériser la possibilité pour les usagers d’organiser leurs ressources selon des appellations qu’ils auront eux-mêmes choisies. En soi, ce procédé s’inscrit dans une continuité classique de classement : coller des étiquettes que l’on a soi-même remplies pour aider au rangement d’éléments procède de la même pratique. La nouveauté réside dans le partage des ressources et de leur classement qui peut servir à créer ou à amplifier leur notoriété. L’ arrivée d’outils dévolus à cette pratique accentue la dilution des frontières entre les espaces privés (famille, amis, etc.) et les espaces publics (travail, collègues, associations, etc.) ; elle provoque la création de cercles sociaux intermédiaires car les mots clés utilisés pour classer sont destinés à se propager à l’échelle de la communauté des connectés. »

Nous reviendrons très prochainement sur cette notion fondamentale de « trace », à travers un post dédié au Bioteaming.