Conférence Startup: Interviews 3/3

François Van Uffelen

Le succès de François Van Uffelen, c’est surtout l’histoire d’un acharnement, d’une opiniâtreté, d’une foi et d’une passion. Car il vit pour ce qu’il développe. C’est dans la création qu’il s’épanouit. Multicréateur d’entreprise avec Winbox et B2Boost, cet ingénieur commercial de HEC à Liège vient de mettre au point une plateforme internet d’automatisation des échanges de données. Son originalité, c’est sa facilité d’utilisation et sa flexibilité. Son nom : Babelgom.

  • Quand doit-on lancer son projet ?

Pour moi, c’est clair : il faut sortir maintenant le produit qui convient. Ce qui ne veut pas dire qu’un produit soit exempt d’évolutions. A partir du moment où il est stable et opérationnel, il peut être mis sur le marché. Il doit l’être même, avec des tests auprès de clients derrière pour en valider le fonctionnement et afin de le compléter.

  • Quelles sont les erreurs à éviter dans la création d’une start-up ?

Il est important d’essayer de faire les bons choix et cela impose de prendre des conseils. L’histoire d’une success story est forcément toujours celle d’une succession de bonnes décisions. Je conseillerais surtout aux jeunes entrepreneurs de ne jamais faire de mauvaises économies : quand on fait quelque chose, on ne doit pas le faire avec des gobelets en plastique.

  • Une étude de marché est-elle indispensable au lancement d’un produit ?

En ce qui me concerne, j’émets de grosses réserves sur des études de ce type. Alors que le business plan est vraiment la projection de la croissance de l’entreprise : il dit ce qu’elle va être, comment elle va évoluer et se comporter dans le temps. En cela, il guide toutes ses actions. Je crois que c’est le document qui donne vraiment l’appétit d’un projet à un investisseur. A condition d’être bien fait.

  • Un technicien doit-il s’associer à un commercial (ou vice versa) pour réussir ?

Je constate que beaucoup de success stories sont le produit de binômes, d’associations « ingénieur-commercial ». EVS, EBA, ce n’est rien d’autre. Je note par contre que des start-up dans lesquelles des scientifiques ont voulu y aller seuls ont du abandonner. Il n’y a pas de généralité mais un bon tandem apporte généralement d’excellents résultats.

Sebastien Delcampe

Huit ans après sa création, delcampe.net commence à faire un peu d’ombre à E-bay. Logique : ses 300.000 membres et ses 15 millions de biens en ligne représentent une épine dans le pied de la méga-bourse de vente aux enchères. Le créateur de ce projet nous parle de sa place de marché internationale à laquelle aucun investisseur ne semblait croire quand il en parlait en 2000.

  • Comment avez vous décidé de lancer ce projet d’entreprise ?

On m’avait proposé un poste sur opendeal que j’ai refusé parce qu’il ne collait pas à ce que j’en attendais. Alors, j’ai décidé de me le fabriquer sur mesure. J’ai réservé un domaine à mon nom pour développer un site de vente aux enchères réservé aux collectionneurs. J’ai expérimenté le concept en en refusant d’ouvrir d’autres catégories. C’est ainsi que le hobby que représentait la gestion de 380 membres a gagné la confiance de milliers d’autres utilisateurs pour en arriver à ce qu’il est. Aujourd’hui, nous sommes une PME de 8 personnes, notre site est multilingue et nous n’avons pas encore fini de grandir.

  • Vous avez choisi de ne pas vous associer. Pour quelles raisons ?

En effet, je reste seul à la barre de mon entreprise, c’est un choix. Il faut dire que j’ai connu une mauvaise expérience avec un partenaire américain qui assurait l’hébergement de nos données, je suis donc échaudé. Chaque entreprise cache une histoire : elle est faite de succès et d’échecs, de grandes satisfactions et de déceptions, de désillusions mêmes parfois. C’est cette histoire qui forge notre expérience, notre caractère. Le succès d’une affaire tient parfois à peu de choses.

  • Quelle est la principale qualité des créateurs de start-up?

La passion. C’est cela qui permet d’avancer et de tenir le coup. Je dis à tous ceux qui développent leur projet de rester passionnés par ce qu’ils font. Accrochez-vous à votre rêve, gardez le cap, vous allez traverser des orages, peut-être des tempêtes, mais derrière il y a le beau temps.

 

Jean-Noel Chamart

A 39 ans, il apparaît presque comme un vétéran du web 2.0. Il y compte en tout cas une solide expérience. C’est lui qui crée à la fin des années 90 DVDzone2 devenu Mediadis, un site de e-commerce spécialisé dans la vente de DVD européens. Aujourd’hui, il vient d’imposer son nouveau projet Venyo, plateforme internationale en gestion de réputation numérique, comme l’une des idées les plus innovantes du web.

  • Quel est le point de départ d’un projet de start-up ?

L’intuition, toujours. On doit avoir envie de créer quelque chose pour rencontrer un besoin que l’on a perçu. Il faut regarder avant tout ce que les autres font pour pouvoir mieux le faire soi-même. Il s’agit donc là d’une opportunité. Ensuite, on met au point son business modèle, avec ses éventuels associés. Il n’y a pas de réussite possible sans ce canevas là, selon moi.

  • Comment concevez vous le business modèle idéal ?

Il n’y en a pas pour la bonne et simple raison qu’il existe plusieurs voies pour entreprendre. A chacun son style, un peu comme en conduite : sportif, décontracté, concentré. Seuls importent les résultats.

  • Débuter sans argent c’est possible ?

Bien sûr. S’il y a des capitaux publics et des fonds d’investissements privés pour aider les jeunes créateurs à monter leur business, la valeur d’un projet réside aussi dans le travail de préparation, pas seulement dans l’argent qu’on y injecte au départ. C’est ainsi que l’un peut compenser l’autre. Au mieux vous préparez votre projet, au plus vous vous donnez des chances de convaincre des investisseurs.

  • De manière générale, sont-ils frileux dans notre pays ?

La prise de risque n’est pas le fort du Belge. Lever des capitaux n’est pas simple chez nous. Si le Belge est d’accord de travailler dans des projets mondiaux, le grand public lui fait peur et les marchés de niche le rassurent. Le web reste considéré comme un secteur à risque. Les investisseurs se montrent très méfiants.