Réseaux sociaux : Guapa tant que ça…

Guapa Juice, Boost Juice. Une entreprise nationale, un groupe mondial. Points communs : les produits proposés et le public cible. Analyse comparative de leur utilisation de Facebook.

Comment passer de la dégustation d’un jus de fruit frais à l’analyse de 2 pages Facebook ? Je vous explique le cheminement.

Je ne sais pas vous mais faire les courses, ce n’est pas ce que je préfère. Alors, si après l’effort, il y a un peu de réconfort, autant en profiter. Je m’arrête dans une enseigne Guapa et commande un bon jus de fruits frais. Guapa, vous voyez ? Ce sont ces kiosques à jus situés dans les lieux fréquentés. Vous y arrivez souvent guidés par les effluves de fruits. Ah ce marketing sensoriel !

Parfois, boire un jus Guapa, ça se mérite. La file est longue, la patience de rigueur. Un réflexe humain est de se procurer la première chose disponible pour passer le temps. Un dépliant, par exemple. Je le consulte rapidement et m’étonne : pas de mention de page Facebook. Guapa fait-elle l’impasse sur les réseaux sociaux ? Bizarre…

Je rentre chez moi et tape « Guapa Juice » dans le moteur de recherche de Facebook. Là, je constate que l’entreprise a une page et qu’elle est bien fournie : 2 973 personnes aiment Guapa (chiffres du vendredi 24 février). D’où viennent ces personnes ? Du site Internet de Guapa ? Non, il n’y a aucun moyen d’accéder à la page Facebook de la marque via le site web. Un site qui est, d’ailleurs, pauvre en contenu. Première erreur stratégique : avoir une page Facebook et ne pas en faire la promotion sur son site Internet. Je consulte, à nouveau, le dépliant et constate que la page Facebook est bien mentionnée en tout petit en bas de page. Deuxième erreur stratégique : ne pas insérer le logo Facebook sur le dépliant.

Guapa : un taux d’engagement de 0,64 %

Vous allez me dire « il nous parle du nombre de fans de la page alors que ce qui importe, c’est l’engagement ». J’y viens. Sur les 2 973 « fans » de la page, seules 19 personnes parlent de la marque. Dans un article intitulé, « Comment calculer le taux d’engagement d’une page Facebook ? », Amélie Broutin, propose de diviser le nombre de « personnes qui en parlent » par le nombre de « personnes qui aiment la page » et de multiplier le résultat obtenu par 100. Ce qui donne, pour Guapa,  un taux d’engagement de 0,64 % ((19/2973) * 100). Ce taux, assez faible, s’explique par le type de post de l’entreprise. Majoritairement, l’entreprise communique verticalement (elle poste des menus, des recettes, …) et n’entame pas la conversation avec ses fans.

Je cherche un point de comparaison et me rappelle, qu’en Australie (et oui, je suis parti là-bas et même que c’est superbe), j’avais l’habitude de consommer des jus de fruits frais Boost. Boost Juice, c’est un groupe mondial qui compte plus de 230 magasins (chiffres de 2009). Pas comparable à Guapa ? Si, ne serait-ce que pour la similarité entre les produits proposés et le public cible (jeune). Je me rends donc sur le site web de Boost. Premier constat : plus riche en contenu, ce site comporte une icône Facebook.

Boost : un taux d’engagement de 1,16 %

Sur la page Facebook de Boost Juice, je ne tiens pas compte du nombre de fans mais de leur engagement. Sur les 42 971 fans de la marque, 500 en parlent. Ce qui donne un taux d’engagement de 1,16 % ((500/42971)*100), nettement supérieur à celui de Guapa. L’explication se trouve, encore une fois, dans le type de post. Boost Juice a bien compris ce que l’audience Facebook attend. L’entreprise lui  propose du contenu ludique et participatif. La communication de Boost est horizontale. Elle s’adresse directement à ses fans.

 

On peut en conclure trois choses : 1) Le taux d’engagement n’est pas inversement proportionnel au nombre de fans. On peut avoir beaucoup de fans et un bon engagement. Tout est une question de contenu. 2) Facebook est le réseau social du fun et de la conversation. Les marques doivent en tenir compte dans leur stratégie de communication. 3) Le marketing ne doit pas être couteux pour fonctionner. Il est possible, à l’instar de Boost Juice, de créer du contenu viral rien qu’à partir d’un post humoristique, d’une question, d’une photo,… Face au web 2.0, les entreprises sont sur le même pied d’égalité.

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  • Jerome Naif

    Est-ce qu’un taux d’engagement de 1,16% est meilleur en soi?c’est peut être à comparer avec le standard du secteur et se dire alors qu’un taux de 1,1% est plus ou moins satisfaisant

  • Les spécialistes des réseaux sociaux devraient s’interroger sur la signification du « taux d’engagement » pour l’entreprise. Je vous pose donc la question : quel est le ROI de la métrique « taux d’engagement » que vous comparez ?

    Peut-être ne serait-il pas non plus inutile de vous interroger sur les biais que comporte votre analyse. Les « taux d’engagement » que vous comparez sont-ils statistiquement différents ? Vous écrivez au sujet de Guapa : « Ce taux, assez faible, s’explique par le type de post de l’entreprise ». Mais êtes-vous bien sûr qu’il s’agit là du seul « antécédent », de la seule cause à la propension des « fans » d’interagir plus ?

  •  Jer

  • Jerome, Pour votre info, le taux d’engagement de Boost Juice est, aujourd’hui (dimanche 4 mars), de 2,19 %. Comment le jugez-vous ?

  • @twitter-214971495:disqus  Merci de votre commentaire. Concernant le ROI, je peux difficilement vous répondre puisque je ne connais pas les objectifs des 2 entreprises. Par ailleurs, de quel ROI parlez-vous ? D’un retour sur investissement (purement quantitatif) ou d’un retour sur influence (plus qualitatif) ?

    Il me semble que, sur un réseau « social » comme Facebook, la réussite de la présence d’une entreprise se juge à la qualité des échanges (commentaires, likes, partages,…) et aux interactions qu’elle crée. Sur ce point, une des 2 marques se démarque assez fort de l’autre.

    Concernant les biais, je suis d’accord avec vous. L’article n’est pas le résultat d’une fine analyse reposant sur une méthodologie solide. Il s’agit juste d’un constat objectivable à un moment donné. Le but est d’ouvrir la réflexion et je suis content que vous ayez pris la peine de commenter l’article.

    Si je ne peux pas affirmer que la seule explication de l’interaction des fans réside dans le type de post de l’entreprise, je peux quand même vous dire que j’ai plus tendance à répondre aux personnes qui me sollicitent. Pourquoi en irait-il autrement sur Facebook ?

  • Je parlais d’un Retour sur investissement quantitatif (sans rentrer dans des analyses d’ABC costing où il faut prendre en compte le coût du community manager etc, … un exercice auquel nous nous sommes livrés sur notre blog : http://www.intotheminds.com/blog/mystarbucksidea-un-formidable-echec-150-idees/).

    Une question simple : qu’est-ce que cela rapporte d’avoir 3000 fans par exemple avec un « taux d’engagement » comme vous l’appelez de 1% ?

    Mon entreprise a eu la chance de recevoir carte blanche d’une PME dont nous avons fait monter le nombre de fans à 10000 et que nous avons revendue par la suite. Nos analyses ont montré une décorrélation des 2 variables et les fans n’étaient pas les acheteurs et vice-versa. Alors je vous le demande de manière provocante, 1 fan sur Facebook ça sert à quoi ?