Sheilandi : se différencier dans la vente de bijoux, c’est possible !

Thierry Depuydt est le créateur de Sheilandi, une boutique en ligne belge de bijoux artisanaux assez originaux. Passionné du web, Il est aussi le créateur du café numérique de Tournai et du traiteur en ligne D-Traiteur.

Peux-tu présenter Sheilandi à nos lecteurs ?

Sheilandi est une nouvelle marque de bijoux raffinés en broderie d’argent, qui sont uniquement vendus en ligne.

La « broderie en fil d’argent » est inconnue, chez nous, tu nous expliques ?

C’est une technique ancestrale de fabrication de bijoux très répandue qui s’est perdue au fil des siècles.  Ça demande une dextérité et une expérience incroyable, il faut des années aux apprentis pour la maîtriser correctement.  Seul quelques « irréductibles villages » à travers le monde ont réussi à maintenir la tradition vivante.

Qu’est-ce qui t’as a donné l’envie de créer ce projet ? De quel constat es-tu parti ?

Ne cherchez pas de lien ni d’objectif, c’est totalement dû au hasard (ou au destin ??).  C’est lors de notre voyage de noces que nous avons croisé un artisan qui fabriquait ces magnifiques bijoux au détour d’une ruelle.  Mon épouse très intéressée (tu m’étonnes …) est resté scotchée à le regarder travailler, et je me suis pris au jeu.  En discutant avec lui, nous avons appris l’existence d’une coopérative qui cherche à ranimer le savoir faire du filigrane d’argent.  La dame qui gère la coopérative a même écrit un livre sur le sujet.  En discutant avec tous ces gens, il est apparu que rien d’équivalent n’existe en Europe, ça a fait TILT et voilà comment est né Sheilandi, tout simplement !

Contrairement à un projet « bien mûri », nous ne sommes partis, ni d’un constat, ni d’un besoin client ! Nous avions le sourcing avant de savoir ce que nous allions en faire. C’est seulement une fois rentrés à la maison que nous avons réfléchi de quelle manière nous pouvions commercialiser les bijoux.

Vendre des bijoux en ligne, c’est difficile ! Comment t’imposes tu ?

Je savais que le marché est très concurrentiel, mais ça l’est finalement encore plus que ne l’avais imaginé.  Il y a de très gros acteurs qui investissent gros, des « anciens » créateurs qui ont une clientèle établie, et aussi des milliers (je pensais que c’était des centaines, mais c’est bien des milliers !) de mom’preneuses et autres bricoleuses à la maison dans la tendance « home made ».  N’y voyez rien de péjoratif, je ne savais pas comment l’exprimer autrement.  Il suffit d’aller voir Etsy, Dawanda ou Alittlemarket pour s’en rendre compte, sans compter les milliers de sites totalement invisibles.

Vous êtes combien à gérer tout cela ? Qui s’occupe de quoi ?

Pas assez en tous cas !  La tâche est énorme, la demande est là mais il y a tant à faire.  La société ne fait pas encore de bénéfice suffisant à ce stade pour embaucher quelqu’un.  Je suis seul avec mon épouse mais elle s’occupe beaucoup de notre première société (www.d-traiteur.com)

Du coup c’est un peu le plan débrouille.  Nous avons eu une stagiaire hyper compétente de Condorcet (merci Luciana), elle me sauve la vie et vient encore travailler actuellement en contrat étudiante.  Elle gère tout ce qui est catalogue/stock/contenu du site.  Je m’occupe du marketing, de la coopération avec nos artisans, et du développement général de notre marque.

A partir de janvier j’accueille cette fois deux stagiaires, j’espère qu’ils seront complémentaires et j’arriverai à bien coordonner leurs missions pour nous faire avancer.

Tu peux nous dire le nombre de ventes que tu fais actuellement ? Tu es optimistes pour la suite ?

On en est presque à 100 ventes par mois et ça augmente en moyenne de 20% chaque mois, je suis donc très optimiste pour la suite.

Tu utilises beaucoup les réseaux sociaux pour te faire connaitre ! Pourquoi ? Comment ? Rencontres-tu des difficultés à ce sujet ?

Tout à fait.  Notre objectif n’est pas juste de vendre des bijoux, mais bien de créer une marque vivante avec des valeurs importantes.  La meilleure façon de faire, c’est le contact direct avec les clients/prospects/fans.  J’ai du mal à écrire régulièrement pour le blog, je me concentre sur la page Facebook.  Je passe une demi journée par semaine à programmer toutes les publications puis je laisse faire la publication automatique.  On a une publication par jour à midi pile, suivant un programme identique planifié à la semaine (chaque semaine le même jour le même type de publication).  Je suis très satisfait de ma programmation, j’ajoute de temps en temps quelque chose en fin d’après-midi si on une news spéciale du jour.

Et de l’emailing ?

C’est dans les projets 2013.  Je veux faire les choses intelligemment et pas juste pousser des promos ou des infos qui n’en sont pas.  Je n’ai pas envie de gaver les gens d’emails ennuyeux, on va donc réfléchir comment mettre en place de l’emailing interactif (un grand mot, mais bon …), ou en tous cas basés sur les actions des clients sur le site (trigger marketing)

Et Google AdWords ?

Un tout mini budget sur des mots clefs hyper précis oui.  Si je veux me placer sur « bijoux en argent » ça coûte tout simplement beaucoup trop cher et n’est absolument pas ciblé.  Je commence à peine à apparaître en référencement naturel (c’est vraiment vraiment difficile sur le marché du bijou), je n’ai donc pas vraiment le choix.

Un autre moyen de se faire connaitre ?

Je mise beaucoup sur les relations blogueuses. J’ai mis ça en pose par manque de temps pour m’en occuper, mais dès janvier on ré-attaque en force.  C’est un moyen de  communication qui n’a que des avantages : peu cher, travaille le branding, améliore le seo, crée une émulsion « c’est pas moi qui l’ai dit », les lectrices sont souvent contentes de découvrir notre marque et nos produits, les retours sont excellents !

As-tu fait une opération de communication particulière pour le lancement du site ? ou maintenant ?

Non pas vraiment.  Je teste en continu des partenariats et collaboration dans tous les sens.  Par exemple, avec jeveuxdesbijoux.com ça marche particulièrement bien.  On organise régulièrement des jeux concours et de l’emailing.

A l’approche des fêtes, tu dois voir tes ventes augmenter ? As-tu fais une campagne de comm’ particulière pour cette période ?

J’aurai aimé mettre une chouette action en place, mais de nouveau par manque de temps je n’ai pas pu être à la hauteur de mes ambitions.  Là j’ai « simplement » fait une offre de frais de port gratuits pendant deux semaines. Nous avons aussi une grosse action qui démarre bientôt avec Peggy de laccrodushopping.com

Mais déjà comme ça c’est clair que les premiers jours de décembre sont très prometteurs, j’ai pas regardé en détail mais c’est tout bon !

Comment as-tu sélectionné tes fournisseurs ? Établi la confiance ? Qu’est ce qui était important pour toi ?

Je ne vois pas notre sourcing comme des « fournisseurs » mais bien comme une collaboration, une relation de confiance.  La raison d’être de Sheilandi n’est pas juste de vendre des bijoux, mais bien de développer la connaissance du filigrane d’argent, aider les artisans à faire valoir leur savoir faire.

J’avais dès le départ un partenariat cousu de fil blanc avec les artisans indonésiens, mais j’ai aussi cherché à rencontrer d’autres communautés maîtrisant le filigrane d’argent à travers le monde.

Nous vendons déjà des bijoux maltais, italiens et roumains.  Des bijoux du Paraguay sont chez le photographe (au fait www.wapict.be est un excellent photographe spécialisé e-commerce !) pour mise en ligne dès que possible, et des bijoux de Colombie vont bientôt rentrer.

L’ambition à terme est de devenir le « one stop shop » du filigrane du monde entier.

Quels sont les pays dans lesquels tu vends le plus ?

Merci, je n’avais jamais fait les stats, j’ai du chercher un peu : la France est forcément le plus grand marché avec 63% des ventes, la Belgique suit avec 21%.  Pour le reste nous avons déjà vendu en Allemagne, Autriche, Canada, Danemark, Grèce, Royaume-Uni, Suisse, Etats-Unis, Australie, Colombie, Islande, Martinique, Tussie, Tunisie et Ukraine.

Quels conseils aurais-tu à donner pour celui qui veut se lancer ?

Ne réfléchissez pas de trop, si vous avez la passion foncez.  Les « experts » vont vous demander un tas de business plan, études de marché et autres causeries, mais de nos jours la société, l’économie et le commerce évoluent tellement vite que personne ne peut se permettre de faire des prédictions.

Même des domaines hyper établis vont devoir évoluer dans les années qui viennent sinon ils vont mourir.  Dans tous les secteurs il y a moyen de chambouler les cartes en faisant les choses différemment, plus intelligemment, plus simplement, en repensant la place du client au milieu de l’entreprise.

C’est une activité temps plein ? Qu’est ce qui te paraît le plus difficile dans le métier que tu exerces aujourd’hui

Ca devrait l’être, malheureusement mes autres activités m’empêchent d’y être à 100%.  En même temps comme ça ne rapporte pas encore, heureusement que je ne compte pas dessus pour vivre.

Quels types d’investissement y a-t-il derrière le projet ?

Je dois absolument faire le bilan détaillé en janvier car j’ai explosé pas mal de postes de dépenses.. On va dire à la très grosse louche 15.000€ dans le site, 30.000€ dans le marketing et 50.000€ de stock

As-tu bénéficié d’aide de la région wallonne ?

J’ai rentré un tas de dossiers inutiles car tout m’a été refusé.  Je ne comptais pas dessus mais ça aurait quand même bien aidé.  Je bénéficie uniquement de l’aide e-business, et encore le dossier est accepté depuis des mois mais je n’ai encore rien vu arriver : « l’enveloppe est vide Monsieur » qu’ils disent.

Qu’est ce qui coute le plus dans un projet ecommerce et qu’est ce qui coute le moins ?

C’est difficile à dire, chaque projet et chaque entreprise est différente.  Tout ce que je peux dire, c’est de ne surtout pas mettre trop d’argent dans son site.  Dans un budget global il ne devrait y avoir que 10% dans le site.  Le reste doit être investit en photos de qualité, en contenu rédactionnel, en storytelling, en marketing, en logistique optimisée, etc.  Il y tant de dépenses obligatoires pour se faire connaître qu’il ne faut surtout pas le négliger, sinon vous aurez un super site, mais sans visiteurs !

  • Et comme c’est d’actualité sur ce blog, nous sommes Trusted Shops aussi ;)

  • PadL

    Ah ça c’est clair, ne comptons pas sur les subsides pour réussir en Wallonie ! J’ai rentré un beau dossier pour faire quasiment la même chose que ceci : http://www.retaildetail.be/fr/f-m-tail/item/14979-magasins-physiques-stimulent-les-ventes-mobiles-ebay …projet refusé. Mon projet n’est pas mort, mais ce n’est certainement pas ici en Wallonie que je le ferai, ce serait trop facile pour la Région de taxer les fruits d’un investissement supporté seul. Bref, Thierry a raison, il faut compter sur soi et sa passion plutôt que sur des aides des pouvoirs publics à l’agonie et des belles promesses ou arrangements entre petits amis.

    J’aimerais savoir comment Thierry programme ses messages sur Facebook sur toute la semaine, car ma stratégie marketing repose aussi essentiellement sur les réseaux sociaux, et bien sûr je lui souhaite bonne continuation et le succès.

  • Facile Charles, quand tu mets un statut sur ta page, tu cliques sur la petite horloge et tu définis date/heure. C’est un poil fastidieux, mais c’est préférable à l’utilisation de la programmation Hootsuite, Buffr ou autre outils tiers, car le EdgeRank défavorise les statuts envoyés via un outil externe (enfin j’ai pas cherché à le prouver, mais c’est ce qui se dit …)