Conférence Startup: Interviews 2/3

Eric Didier

Directeur des opérations du réseau social Viadeo, co-fondateur de Soamai en 2000 où il occupe les fonctions de CEO jusqu’à la revente de l’entreprise à un groupe américain quatre ans plus tard, Eric Didier bénéficie d’une expérience de plus 16 ans sur le marché des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC). Il a débuté sa carrière en 1990 au sein de Parametric Technology en tant que directeur France et Belgique avant de rejoindre Ross System pour prendre le poste de Directeur pour la France, la Belgique et la Suisse.

  • Quelle est la clé de la création d’une start-up selon vous ?

Le cash. C’est votre sang dans la société. S’il est indispensable de lever des capitaux pour pouvoir financer ses projets, soutenir le développement de son activité, j’insiste sur le fait que courir l’argent pour l’argent n’en vaut pas la peine. Garder la maîtrise de son affaire est bien plus important: dès le moment où ils entrent, les fonds d’investissement et les business angels vous imposent leurs règles. Ils peuvent les changer du jour au lendemain avec des conséquences désastreuses pour votre entreprise.

  • Comment gère-t-on le succès d’une entreprise ?

On le gère comme on joue aux échecs, en essayant d’anticiper et de garder un coup d’avance. Il faut avoir le sens de la stratégie, se demander chaque matin : « comment vais-je protéger mon business ». Il faut se montrer attentif aux mouvements de la concurrence et du marché. Pour saisir les opportunités qui se présentent et éviter de se mettre en danger.

  • Qu’est-ce qui détermine le tempérament de l’entrepreneur ?

Pas la qualité du projet. Vous pouvez avoir le meilleur projet du monde et ne pas être entrepreneur. L’entrepreneuriat est un véritable virus : il faut être certain de l’avoir et d’y résister pour lancer sa start-up car il va mettre tout le monde à l’épreuve. Vous mais aussi vos amis, votre famille. Autant le savoir d’avance…

Christophe Guisset

Administrateur-délégué de BeAngels, membre du comité de direction de la European Business Angel Network (EBAN), son fonds d’investissement a aidé plus de 120 PME. Il parle de son expérience de « banquier à risques ».

  • Quelles sont les principales causes d’échec dans les start-up ?

Sur 120 entreprises participées par notre fonds privé, il faut considérer que nous en avons vu 10% se planter. Le plus souvent parce que le management ne se dédiait pas à temps plein à la gestion. La mésentente entre les associés est un autre facteur, comme la perte de motivation. Devenir entrepreneur, c’est partir dans une fameuse aventure. C’est y embarquer ses amis et les membres de sa famille : cela demande de la résistance.

  • Quels conseils donnez vous au jeune créateur ?

Les choses ne se passent pas toujours comme on les a prévues sur papier, dans le plan financier. Il est donc important de se ménager une marge financière, mais aussi de disposer d’un tableau de bord pour mesurer l’état d’avancement de son projet et les écarts avec les objectifs qu’on s’était déterminés dans le temps. Je dirais donc : prévoir une feuille de route et ne pas sous-estimer ses besoins, même si les investisseurs veillent à les corriger à la hausse pour éviter les mauvaises surprises.

 

Philippe Chevremont

Directeur du centre d’innovation et d’entreprise Héraclès, il est quotidiennement confronté aux besoins des PME : en terme de financement, d’aide à la consultance, de protection de marques, de lancement d’activités. Tour d’horizon.

  • Quelles aides au développement existent pour les start-up ?

Les aides au développement viennent dans un second temps. D’abord, il faut que les projets soient murs, validés. Il existe pour cela en Wallonie des bourses de préactivité d’un montant de 12.500 euros. Ce sont des avances non récupérables, des dons en quelque sorte, aux porteurs de bonnes idées. De quoi leur mettre un premier pied dans l’étrier du business. A eux de nous convaincre avec leurs arguments, leurs dossiers.

  • Quels conseils donnez vous au jeune créateur ?

Je siège dans un comité où les projets sont jugés sur papier. La qualité de leur présentation influence directement l’octroi des décisions d’aides. C’est pourquoi il convient de soigner les dossiers : rendre les projets compréhensibles, montrer ce que l’on veut faire, mettre ses atouts en évidence, expliquer qui on est me paraît indispensable.