10wines : 10 vins en ligne et pas un de plus

Alain Mertens a 61 ans,, il est ingénieur commercial à Solvay et vient de lancer son ecommerce de vente de vin en Belgique 10Wines.be

 

Alain, pouvez-vous présenter votre projet à nos lecteurs ? Et nous expliquer votre parcours professionnel ?

Votre vin, vous préférez qu’il ait du slip ou de la bretelle ? Des notes de perlimpimpin ou de canneberges guatémaltèques? En fait, vous vous en fichez un peu et vous avez raison.
Vous voulez juste qu’il soit très bon, plutôt surprenant et en même temps raisonnable. C’est l’idée de 10wines.be. Vous proposer 10 vins, pas plus, aussi sympathiques qu’impeccables. Pour ne pas vous saouler avec un choix impossible et aller droit au but: le plaisir de boire un bon vin.

En fait, j’ai une double casquette professionnelle : Une vingtaine d’année dans les vins & spiritueux: patron de Johnnie Walker en Belgique, lancement de Pisang Ambon et de Freixenet mais aussi une vingtaine d’années dans la communication: Associé-Fondateur de Kadratura, Troy intégrées depuis 2011 dans le groupe de communication internet Emakina.

Qu’est-ce qui vous a donné l’envie de créer ce projet ?

Je pense dur comme fer qu’une nouvelle génération d’entrepreneurs va se développer en Belgique suite à la crise pour deux raisons :

  • 1. C’est un sujet tabou mais soyons clairs, les cadres supérieurs se font gentiment dégommer de plus en plus jeunes par les grosses sociétés. Il y a trois ans quand ils approchaient de la soixantaine et aujourd’hui à moins de cinquante ans ! Ils sont considérés comme trop chers et de toute manière il y a de moins en moins de jobs correspondant à leurs qualifications. Le pouvoir de décision a quitté la Belgique.
  • 2. Avec une espérance de vie de 90 ans et plus, que vont faire les « pré-pensionnés » et les « chômeurs » de la cinquantaine pendant ces trente voire quarante années?

Cela fait plus de vingt ans aujourd’hui qu’après avoir géré des sociétés familiales et travaillé pour ce qui est aujourd’hui le groupe Diageo, le leader mondial des vins & spiritueux je suis devenu « serial entrepreneur » privilégiant une vie professionnelle en Belgique.

J’ai des enfants et des petits enfants vivant à l’heure d’internet… Je suis impressionné par la vitesse du changement et encore plus par son accélération actuelle irréversible. Internet c’est tout, partout, tout de suite et un thème qui me touche comme gestionnaire, la civilisation du gratuit.

J’ai voulu montrer en lançant www.10wines.be qu’il y avait moyen de développer des business modèle simples et profitables à l’échelle d’une PME .

Cela faisait partie de mon projet de vie… J’y travaille quelques heures tous les jours mais où je veux et quand je veux. Vive la mobilité géographique et les horaires flexibles !

De quel constat êtes-vous parti ?

Il y a une pléthore de vins et de vignerons dans le monde, c’est un domaine encore très traditionnel et morcelé.

Les amateurs et les professionnels débordent d’imagination et présentent sans cesse leurs nouvelles trouvailles mais le consommateur ne peut découvrir des millions de vins… il n’en boit que quelques dizaines de bouteilles par an grand maximum.

Sur internet c’est encore plus flagrant… l’offre est colossale… le wikipédia du vin comme j’aime l’appeler ! Je peux tout trouver mais qui va se mettre à la place du simple consommateur pour l’aider dans ses choix ?

10wines c’est juste la réponse à cela… guider le consommateur et lui simplifier la vie ! « Trop d’information tue l’information… trop de choix tue le choix. »

Je n’ai rien inventé et j’invite les curieux à découvrir « le Paradoxe du choix  » de Barry Schwartz dans la vidéo de TED qui illustre magnifiquement ce problème.

Vous êtes combien à gérer tout cela ? Qui s’occupe de quoi ?

Étant donné mes nombreuses années dans la communication et le marketing, mon réseau a été amplement suffisant pour regrouper tous les talents nécessaires. J’agis comme créateur, chef d’orchestre, gardien du temple, chef de marque :

  • Jean Werner et Michel Boudru deux créatifs de renom avec qui j’ai travaillé des années ont développé l’habillage créatif du concept
  • Koen Tilley de Semaforce est responsable de la partie technique du site
  • Didier De Jaeger, mon partenaire de toujours ainsi qu’Eric Van Grimbergen et Gilles Hayez sont mes « sparing partners » stratégiques et opérationnels.
  • David Hachez @theafter est mon expert en gestion & animation du site

Toute la partie achat vins, gestion stock, facturation et logistique est organisée en partenariat avec un professionnel du vin spécialisé dans l’Horeca.

Comment en voyez-vous l’évolution ?

10wines a été lancé cet été en phase test. A terme, il doit devenir l’équivalent d’un bon vendeur professionnel dans ce métier soit 500.000 à 1.000.000 € annuel. La croissance se fera sur des années mais inéluctablement le métier va glisser de la vente à la restauration à la vente pour la consommation à domicile.

Les ventes internet vont connaitre des croissances à deux chiffres au moins pendant les dix prochaines années alors que les ventes traditionnelles seront stagnantes voire en régression !

Vous utilisez les réseaux sociaux pour vous faire connaitre ? Ou un autre support ?

Oui, principalement pour l’annonce de la naissance du site sur Facebook et maintenant quelques infos hebdomadaires mais je pense qu’il ne faut pas se bercer d’illusions. Être en communication sur Facebook donne le sentiment de parler à des millions de gens… la réalité pour une PME est tout autre. La plupart du temps vous parlez à quelques dizaines, voire centaines de personnes. Vous pouvez bénéficier d’un effet Buzz. C’est très gai, c’est très spectaculaire, tout se met à bouger quasiment instantanément… mais retombe aussi vite !

Depuis deux semaines nous avons commencé l’e-mailing. La première étape ayant toutefois été l’envoi de mails personnalisés aux amis et aux amis des amis… la fameuse technique du bouche à oreille version internet. Nous comptons beaucoup sur le bouche à oreille et les dégustations pour joindre le virtuel et le réel.

Pourquoi 10 vins et pas plus ?

L’idée simple est venue du jeu de mots en français 10 vins – divin. Mon expérience dans la Pub m’a appris la « latéroscopie » (merci Luc De Brabandere). En regardant autour de nous tout fonctionne aujourd’hui autour des « Top 10 » et autres « best of »â€¦ livres, musique, cinéma… je n’ai fait qu’adapter un concept universel.

Quels sont les retours de clients qui vous le plus fait plaisir ?

Ils adorent la simplicité de mon site. Pour l’anecdote, nous y avons travaillé pendant que je dévorais la biographie de Steve Jobs, un bouquin remarquable… Cette obsession de la simplicité et du beau qui animaient Steve Jobs m’ont servi de fil conducteur.

Vous vendez uniquement en Belgique ?

Oui par choix personnel mais aussi pour des raisons de législation (taxes sur les vins) le site n’est opérationnel qu’en Belgique.

Assez étonnamment, j’ai déjà eu des demandes de France et la fréquentation du site m’indique que des Américains, des Anglais, des Chiliens, des Dominicains et même des Asiatiques s’intéressent à nous. Vive le monde internet.

Quels conseils auriez-vous à donner pour celui qui veut se lancer ?

C’est simple. Il faut vivement dissuader tous ceux qui s’imaginent pouvoir lancer un e-commerce avec quelques milliers d’euros. Par contre il n’est pas nécessaire d’investir des centaines de milliers d’euros pour réussir…

Entourez-vous de gens qui sont « entrepreneurs » dans les tripes.

Avez-vous bénéficié d’aide de la région wallonne ou spécifiques à Bruxelles ?

Absolument pas… mais c’est de ma faute, je n’ai rien demandé. Il parait qu’il existe des gens qui font cela professionnellement pour vous. Moi je n’avais ni le temps ni l’énergie à consacrer à cela.

 

  • Ne pas sélectionner un vin Alsacien alors que la clientèle Belge est friand à ces vins est une erreur a mon goût.

  • Vinodis

    J’avoue que j’ai du mal à comprendre l’intérêt de créer un site de e-commerce en outsourçant « Toute la partie achat vins, gestion stock, facturation et logistique ».

    Pourquoi ne pas dire que tout simplement que la société HoReCa en question (qui est une des plus grosse de Bruxelles, rappelons-le) a créé un site sous un autre nom pour diversifier ses activités sans se faire pinxer par ses propres clients professionnels et être ainsi présent sur le marché du e-commerce qu’elle n’a pas encore développé ?